En partant d'Ituzaingo, nous prenons la direction de Posadas que nous visitons dans l'après-midi. Les filles ne veulent même pas descendre de voiture car elles veulent lire! Nous repartons le soir pour chercher un endroit où dormir. On nous a indiqué un camping à quelques Km. Nous prenons la route 12. Cette province mérite bien sur surnom: Tierra colorada. La terre y est d'un rouge très vif. Par contre, contrairement à la province de Corrientes que nous avons laissée, il y a une densité de population beaucoup plus importante. De plus, les immenses estancias entourées de plaines ont laissé la place à des petites montagnes. Le Land rame dans les côtes mais il nous transporte. C'est également très vert. On comprendra bientôt pourquoi!
Sur la route nous passons devant « El parque provincial El Puma ».Nous repensons à nos amis argentins qui nous avaient conseillés les parcs pour dormir. Nous nous y engageons et rencontrons un garde parc très avenant qui nous autorise à rester pour la nuit, nous indique l'endroit le plus éclairé, nous laisse les toilettes à disposition tout en nous prévenant gentiment que nous ne devons pas laisser les filles se promener seules car il y a des jaguars en cage et qu'il faut les laisser tranquilles... Il nous explique que ce parc se destine à accueillir des animaux malades, trouvés ou abandonnés par les humains. Leur objectif est avant tout de replacer l'animal dans son environnement naturel. Le parc est donc pourvu d'une clinique et c'est un vétérinaire qui en a la charge. Il nous propose de le rencontrer le lendemain matin pour lui poser toutes les questions que nous souhaitons. Nous préparons donc sur le champ un questionnaire avec les filles.
Nous nous promenons à la nuit tombée dans le parc et nous découvrons des jaguars, des pumas, des singes, des oiseaux, des sangliers, un cerf, des biches...en cage. Bref, une vraie ménagerie. Il fait nuit et nous nous endormons avec les cris des jaguars.
Le lendemain matin, nous rencontrons le responsable des lieux qui nous fait un discours bien ficelé sur son travail dans le parc. En fait, les animaux ont, pour la majorité d'entre eux, été achetés par des personnes qui se sont vite rendues compte qu'il était difficile de vivre avec un animal sauvage adulte. Pour autant ces animaux ne peuvent pas être replacés dans la nature car, selon ses propres termes, ils se sont trop humanisés. Les jaguars du parc sont très vieux et ont été exclus par les plus jeunes. Pour se nourrir, ils s'approchent dangereusement des troupeaux et se font ainsi chasser ou attrapés par les agriculteurs. L'objectif du parc est de péréniser l'espèce (en voie de disparition en Argentine) en tentant de les reproduire à demeure pour les réintroduire dans la nature. Le discours paraissait cohérent même si Lise se demandait à juste titre comment on pouvait réintroduire des animaux en les faisant grandir dans des cages.
Par la suite, nous avons rencontré d'autres gardes parcs et nous nous sommes rendus compte que ce travail était très critiqué au sein même de la profession. Il est évident que pour des amoureux et des professionnels de la nature, enfermer des animaux en cage ne peut pas être un moyen légitime de préservation de la faune. Dans les faits, les animaux ne sont pas soignés. Ils n'ont pas de pathologies cliniques avérées. Ils sont recueillis et ne peuvent plus être remis en liberté car ils sont trop proches des hommes et cherchent leur compagnie. Certains peuvent néanmoins être dangereux et ne peuvent plus vivre parmi nous. Qu'en faire? Même si le parc a une fonction essentielle d'éducation à l'environnement, est-il nécessaire d'enfermer les animaux pour cela? N'y a-t-il pas d'autres moyens pour sensibiliser la population au respect de la nature et de sa faune?
Article de Leïa
Septembre 2009 : Halte au Parc El Puma |
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